Things to do in Saint-Gervais-les-Bains, Auvergne-Rhone-Alpes: The Best Churches & Cathedrals

Présentes sur tout le territoire, symboles de l’imprégnation du christianisme dans la vie rurale, les croix se suivent, mais ne se ressemblent pas. Certaines sont de bois, quand d’autres sont de fer ou de pierre. Certaines se dressent sur les sommets quand d’autres sont cantonnées dans la vallée. Quant à la mission qui leur est confiée, ce peut être la matérialisation de points de passage comme les croisées de chemins, le repérage de lieux stratégiques ou symboliques, ou encore la signalisation d’un lieu de procession ou de bénédiction. Je suis de ces dernières. De celles qui furent plantées pour rappeler la montée en alpage au début de l’été et la bénédiction des terres, des maisons et des troupeaux par le curé du village.

Avant de vous attacher à mon histoire, prenez le temps de vous imprégner des lieux. Vous êtes ici dans un des sites les plus emblématiques du Val Montjoie. Si authentique qu’on se croirait revenu au premier matin du monde. Si majestueux que le vœu d’humilité devient une évidence. Si haut qu’on se croirait aux portes du ciel. Et face au panorama grandiose qui unit en son sein le Vorasset, le col de Tricot, les glaciers suspendus et les dômes de Miage, Moi ! Tel un pèlerin en prière. Invocant les saints pour que rien ne change. Pour que la terre reste nourricière, que l’herbe pousse en abondance, que l’eau et l‘air soient toujours purs. Parce que c’est bien cela qui m’a été confié. La protection des alpages, et de facto, des troupeaux. D’ici, je suis idéalement placé pour le faire. C’est sûrement ce qu’a dû penser le notaire Fontaine, en choisissant de me déplacer en 1975. On domine mieux la situation, porté à 1500 m d’altitude !

Ne me demandez pas qui m’a construite. Les faits remontent à si longtemps que je ne m’en souviens plus. Je sais juste qu’il était italien, qu’il travaillait sous la direction du prêtre Claude-Etienne Colliex, et que je dois à des natifs émigrés les fonds nécessaires à ma construction. Réputée pour être parmi les plus belles de Savoie, ma façade, avec son portail monumental et ses éléments en relief ou en trompe-l’œil, n’est cependant pas mon seul atout de séduction. Derrière mon architecture audacieuse, se cache un intérieur donnant au mot magnificence tout son sens, avec mes voûtes peintes du fameux bleu de Saint-Nicolas, mes cinq retables et mon maître-autel réalisé vers 1698-1702 par Jacques Clairant, sans oublier la toile centrale d’Antoine Herzog, La Gloire de Saint Nicolas, peint à Vienne en 1733. Mon charme baroque, vous n’y résisterez pas. Et à défaut de faire de vous des fidèles, il provoquera en vous une émotion inoubliable.

Parmi les éléments remarquables, vous pourrez admirer mon retable du maitreautel, réchappé de l’incendie de 1792, et restauré par Jean Eichorn au début du XIXe siècle. Par delà les siècles et les cultures, ce retable a également inspiré le prêtre dominicain Kim En Joong, en charge de mes nouveaux vitraux, qui en parle en ces mots :“Comme le retable baroque savoyard dans l’église qui chante la joie et la foi vivante, puissent mes vitraux entrer en harmonie avec lui.

La chapelle actuelle, dédiée à saint Laurent et sainte Madeleine, date du XVIIe siècle et son décor est de la même époque. Une époque où le style baroque bat son plein, soutenu par une église catholique qui voit dans son caractère théâtral l’occasion de glorifier les thèmes religieux.

Fondée en 1693 par Nicolas Mermod, prêtre natif du village, puis remaniée en 1723 grâce à un don des frères Genamy, j’ai été conçue comme une église en miniature. Derrière ma façade au toit débordant, je cache un vaste décor peint et une collection de neuf tableaux du XVIIIe siècle. Autant d’ouvrages remarquables qui m’ont valu d’être classée Monument Historique en 1976. Autant d’éléments du plus pur style baroque qui, par leur profusion décorative, leurs effets dramatiques et leur exubérance m’ont permis de magnifier les thèmes théologiques pour mieux exalter la foi des fidèles. Et force est de constater que ça a marché ! J’ai vu des générations de montagnards venir ici exprimer leur foi, parler de leur vie, de leurs souffrances et de leurs espoirs. Et bien que mon style soit à cent lieues de la simplicité de la vie des ruraux, en venant me trouver, c’est à leur rencontre que vous irez.

Parmi les ornements remarquables, son autel, et sa peinture “La présentation de Jésus au Temple” de Jérusalem, et trois statues, représentant Vierge à l’Enfant, saint Pierre et saint Guérin. Le tout mis en lumière par des vitraux du Père Kim En Joong. Vous le connaissez ! Vous l’avez croisé à l’église de Saint-Gervais.

Construite en 1685 grâce à Jean et Balthasard Berthier, deux notaires du village voisin qui financèrent ma construction, mon mobilier, et accordèrent des rentes pour mon entretien, je dois ma restauration deux siècles plus tard à un collectif d’habitants du hameau. Une tradition connue sous le nom de dizaine, la dizaine désignant les fidèles regroupant leurs économies pour financer la construction ou la restauration d’une chapelle. Solidement ancrée dans le paysage montagnard, cette tradition en cache une autre tout aussi tenace : la dévotion aux saints. Elle aussi a sa place dans mon histoire. Pour preuve, les sept statues, à l’effigie des principaux saints de l’ordre du Mont Carmel, qui se sont invitées dans mon décor néo-gothique. sept statues qui sont autant de liens entre les hommes et Dieu. En montagne, les traditions aussi ont la vie dure.

“De mon père colporteur, j’ai hérité le goût du commerce et le goût des voyages. Des montagnes, j’ai puisé l’envie de me dépasser et un sens profond de la solidarité. Des savoyards, j’ai le courage et la ténacité, propres à tous ceux qui côtoient des conditions extrêmes. C’est fort de tout cela que je suis parti à Vienne C’est grâce à tout cela que j’y ai fait fortune, gravissant un à un les échelons. De négociant, je suis devenu bourgeois. De fournisseur de la cour impériale, je suis devenu un proche de l’empereur Léopold 1er de Habsbourg. Alors, il était normal de rendre à ma terre natale ce qu’elle m’avait donné. Signe de ma foi, la chapelle des Pratz est aussi le signe de mon attachement à mon territoire, et je suis fier d’avoir contribué à sa construction, comme les montagnes ont participé à la mienne.”

L’architecture est de Maurice Novarina, les vitraux d’Alexandre Cingria et Paul Bony, les peintures murales de Paul Monnier, et les sculptures de François Baud et Jean Constant Demaison. Et si cette introduction a des accents d’ “Au théâtre ce soir”, c’est parce que mes murs et mes décors, inaugurés en 1938, ont permis à l’art Sacré de revenir sur le devant de la scène. Un événement que les habitants du Fayet attendaient depuis 1929, année où l’évêque d’Annecy décide de créer une nouvelle paroisse regroupant les Plagnes, le Fayet et une partie de Domancy. Mais le résultat est là ! Une apparence de chalet, un espace intérieur unique dans tous les sens du terme, une voûte en forme de coque de bateau renversée, l’intégration d’éléments issus de l’architecture locale, des scènes religieuses se déroulant sur plus de cent vitraux, jusqu’à la grande fresque présentant la Vierge au Rocher, entourée de nombreux saints locaux liés à la Savoie et à la montagne.